La recomposition des mondes
Que se trame-t-il exactement sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes ? S’agit-il d’une zone de non-droit peuplée de hippies violents, trop drogués pour comprendre qu’il faut partir puisque le projet d’aéroport est abandonné ? Ou de l’avant-poste, en Occident, d’un nouveau rapport au monde, affranchi de la distinction entre Nature et Culture ? L’enquête emprunte des chemins imprévisibles sur ce bocage qui, d’emblée, nous absorbe, nous transforme et recompose les liens que nous entretenons avec les plantes, les animaux et le territoire. Bande dessinée (documentaire), Alessandro Pignocchi, 104 p., 2019.
Bonne lecture,
Grâce au Circul’livres de l’AMAP, j’ai pu lire ce reportage (témoignage? récit fictionnel? un petit peu tout ça?) du dessinateur-scénariste Alessandro Pignocchi, dont j’avais déjà lu la trilogie « Petit traité d’écologie sauvage », qui évoque le même genre de préoccupations même si les trois albums se situent dans des espace-temps nettement plus imaginaires.
J’ai retrouvé dans cet album l’impression que peut avoir connu tout militant, qui a participé à un mouvement social avec occupation d’un lieu, de se trouver dans une « bulle » et de vivre des choses extrêmement importantes dans l’instant… mais impossibles à faire partager à qui se trouve à l’extérieur (la scène où l’auteur passe un coup de fil en demandant d’alerter le monde entier sur ce qu’il se passe à la ZAD…).
Un bel album, qui n’est certes pas dénué d’une forme de poésie, même si le fond de ce qui est évoqué est très sérieux.
**
Pour en savoir davantage sur la ZAD: je trouve que la page Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes, consultée ce samedi 9 juillet 2022) donne des informations quelque peu biaisées (et à la limite d’une communication « institutionnelles »?) sur la ZAD et sur ses suites depuis la promesse gouvernementale de renoncer à l’extension de l’aéroport de Nantes. Ainsi, si l’on n’y prend garde, on pourrait imaginer que c’est l’Etat qui met en place une « Université » construite (?) par 500 « ouvriers » (?), alors que (si je comprends bien en ayant recherché d’autres informations) il s’agit d’une initiative « militante » (toutes proportions gardées, un peu comme, jadis, l’« Université populaire » de la rue du Dragon [1995 – je suppose que certains « zadistes » n’étaient pas nés!]).
Pour avoir des informations à jour, voici l’adresse du site internet de la ZAD: https://zad.nadir.org