Samedi dernier, Maxime a ouvert les portes du moulin de Sempin à Montfermeil à notre groupe Amap. Nous étions 25 dont quelques nouveaux, quelques anciens et quelques enfants. Maxime nous a brièvement raconté l’histoire de ce moulin construit en 1740 (développée plus longuement ici), détaillé et montré son fonctionnement. Il nous a aussi fait comprendre son entreprise, ses difficultés, ses espoirs. Reconstruit sur d’anciennes carrières de gypse comblées, dans un lieu en hauteur — nos pensées pour Paul et Nicolas qui sont venus à vélo —, battu par les vents, devenues depuis quelques années un parc paysager, un lieu de promenade. Nous avons, nous, profité d’une très belle journée ensoleillée d’automne.
Appelé moulin de la tour, moulin aux cailloux, moulin manchot, moulin du château, moulin de la galette, moulin de Cosette (Victor Hugo situe l’auberge des Thénardiers rue de la Halle à Montfermeil), le moulin de Sempin est un moulin-tour à calotte tournante qui moudra pour la dernière fois en 1850. Il trouvera une nouvelle vie dans les années 1980 en devenant avec la maison du meunier à ses côtés un moulin-musée destiné aux tourisme et aux visites pédagogiques. Enfin, Maxime, il y a six ans, s’est avancé avec le projet d’en faire un outil de production en capacité de fournir la farine du Bricheton et d’autres boulangeries. Il n’y est pas encore. Les derniers réglages laissent espérer une capacité à transformer en farine la moitié du grain acheté. Il aimerait atteindre 70%. À titre d’exemple, une meunerie industrielle transforme 80% du grain. Maxime dispose du moulin les jeudis, vendredis et samedis, l’autre partie de la semaine restant réservée aux visites.
Moulin « hybride », le moulin de Sempin est moulin électrique et moulin à vent.
Pour fonctionner, les ailes du moulin doivent « boire » au mieux le vent. À calotte tournante, c’est la toiture entière — ailes et charpente — qu’on fait tourner grâce à la guivre, grande poutre en contrepoids des ailes qui descend du toit.
À défaut d’âne, de treuil ou de camionnette, deux ou trois personnes sont capables de faire tourner cette calotte de 17 tonnes. Maxime, Antoine, Victoria et Gabrielle sont à la manœuvre !
Les ailes ne sont pas entoilées mais équipées du système « Berton », système de planchettes qui permet de régler facilement la surface de voilure depuis le troisième étage du moulin. Celui par lequel on commence la visite.
Après avoir estimé que le moulin pouvait moudre correctement par un vent de 20 à 60 km/h, le meunier relève la meule tournante, desserre le frein et va déployer les ailes. La bonne vitesse de rotation de l’arbre moteur est d’environ 15 tours/minute, correspondant à voir passer une aile par seconde devant une fenêtre. Mais, samedi pour qu’on puisse mieux comprendre le mécanisme, Maxime a utilisé le moteur électrique.
La trémie est un grand entonnoir, alimentée par des sacs de grains versés par le meunier ou, ici mécaniquement, par des godets fixés sur une courroie qui plonge jusqu’à la réserve de grains au sous-sol. Une clochette prévient le meunier quand la trémie est vide. Il doit intervenir vite s’il ne veut pas « casser » son moulin par le frottement des meules l’une contre l’autre. Un « babillard » donne le « tic-tac » et assure par son bruit régulier le bon fonctionnement de l’ensemble. Le moulin commence à moudre.
Avant de passer entre les meules — meule dormante dessous, meule tournante dessus, de même taille le grain doit être propre, débarrassé des mauvaises graines, des insectes, des cailloux, avoir un degré d’humidité raisonnable.
Le meunier est constamment à l’écoute de son moulin, renseigné par le babillard, le bruit des engrenages et des courroies. Il est attentif à la chaleur que va subir le grain, au parfum de « silex ».
Trop serrées, les meules brûleront la farine ; trop écartées, elles s’useront anormalement et l’on retrouvera de la poussière dans le pain.
Régulièrement, les meules ont besoin d’être rhabillées pour leur redonner le « mordant » qu’elles ont perdu à l’usure.
La plus grande partie des pièces du moulin a dû être refaite. A redevenir un outil de production la pression sur les pièces mécaniques est très supérieure à ce qu’elle est quand le moulin est plus simplement destiné aux visites et aux démonstrations.
À l’étage au dessous, à côté de la trempure, la pièce mécanique qui permet de hausser ou de baisser la meule mobile et d’ajuster l’écartement entre les meules, on aperçoit le lit de l’apprenti-meunier, un enfant, qui couchait au moulin et en était le garde. La comptine nous rappelle combien il ne fait pas bon s’assoupir quand on est meunier. Un vent trop fort casserait le mécanisme, voire « décoifferait » le moulin : la toiture tournante n’étant que posée sur le bâtiment. C’est l’apprenti, obligeamment appelé « traîne-son » ou « bas-l’âne », en dormant sur place, qui est chargé de donner l’alerte.
L’opération du blutage se passe au premier étage du moulin dans la « bluterie ». C’est par là qu’on termine la visite. Le bluteau est l’appareil qui permet de tamiser la farine en la séparant du son. C’est un grand cylindre entouré d’un tamis, placé dans un bahut à porte, qui tourne rapidement sur lui même ; la farine tombe d’un côté, le son et les particules les plus grosses sont récupérés à l’autre extrémité du cylindre.
Le rez-de-chaussée est l’espace réservé à la réception du grain, engrangé au sous-sol.
Maxime avait apporté du Bricheton un pain de 3 kilos pour le goûter joyeusement partagé sur une meule dans le jardin dûment accompagné de beurre, miel, fromage, chocolat et confitures, tisanes et jus de fruits.
Immense merci à Maxime pour son accueil, sa générosité, le plaisir d’être ensemble et celui avec lequel il partage son enthousiasme.
Merci à chacun pour avoir joué le jeu du co—voiturage.
À Brigitte pour la photo, à Pierre pour les vidéos.
Très grand merci à ce petit ouvrage très clair sur le fonctionnement du moulin, édité par l’Association de Sauvegarde de Moulin de Montfermeil. Disponible dans Amap-à-Lire.


















