Saviez-vous que, selon le site internet du MIRAMAP (1), on dénombrait en France, en 2015, plus de 2000 (deux mille) « groupes en AMAP » représentant quelque 250 000 amapiens? Cela doit représenter, en tout cas, des centaines de blogs ou sites comme le nôtre… Mais à l’étranger aussi, ce genre de partenariat s’est implanté. Petit regard extérieur.
Cette fois-ci, j’en finis avec la Belgique. Contrairement à ce que j’anticipais, je n’ai pas réussi à trouver trois nouveaux sites internet belges de groupes d’achat solidaires à mettre en avant dans cette chronique. J’en présente donc deux seulement. Cela me laisse ensuite de la place pour parler encore un peu de ce qui existe chez nos voisins avec plus ou moins de proximité par rapport à nos AMAP françaises.
[GASAP] GAS Linkebeek (B-1630), http://www.gaslinkebeek.be
Voici un GAS, situé en Région flamande (Brabant flamand) en périphérie de Bruxelles, et membre du réseau des GASAP, mais qui ne s’en revendique pas (une recherche sur leur site sur le mot GASAP ramène seulement, sauf erreur de ma part, un compte-rendu de réunion où il est question de GAS et de GAC). En tout cas, le groupe utilise Cagette, et leur producteur (la Ferme Sainte-Barbe, certifiée en bio depuis 1999) livre d’autres GASAP du réseau. On trouve 21 recettes sur le site internet du groupe.
GAS Le Panier Lensois (B-7870), https://panierlensois.jimdofree.com et https://www.facebook.com/lepanierlensois
Groupe d’achat solidaire créé en avril 2013 (18 familles commandent alors leur 1er panier): « Le Panier Lensois est un groupement de citoyens responsables qui veulent devenir «consomm’acteurs». C’est ainsi que ses membres sont soucieux de se procurer une gamme de produits diversifiés qui ne proviennent pas de l’industrie agro-alimentaire mais bien de producteurs majoritairement locaux rémunérés de façon équitable ». Outre cette profession de foi, le site affiche 14 recettes (dûment créditées à leurs auteurs).
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Réseau des GASAP (Groupes d’achat solidaires de l’agriculture paysanne), B-1050 Ixelles, https://gasap.be et https://www.facebook.com/reseauGASAP
En plus de la carte des GASAP existants, le site internet propose différents outils en vue de créer un nouveau groupe (mais, pour pouvoir en vérifier un par un la liste, j’ai dû demander celle-ci directement à la coordinatrice du réseau: merci à Laurence!). La Charte des GASAP (version 2014) (2) mentionne: «L’expérience démontre que les GASAP ne dépassant pas le nombre de 20 ménages maintiennent un niveau idéal de convivialité», ce qui représente une différence «de taille» avec nos AMAP françaises. La livraison a souvent lieu seulement une semaine sur deux, selon la saison. Le terme même de GASAP paraît plutôt dédié aux maraîchers, tandis que les autres produits sont livrés à des «super-GASAP» (?).
J’insère ci-dessous une très jolie infographie figurant le « nuage » des GASAP et de leurs producteurs, datant de janvier 2016 (4 ans déjà). Le réseau des GASAP m’a autorisé à l’utiliser bien qu’elle soit complètement obsolète au point de vue des groupes comme des producteurs. Ils ont dans leurs plans de la refaire pour leur AG du 22 mars 2020, mais mes délais étaient trop courts…
Le site internet dispose aussi d’une page qui (en 2017) faisait un point sur les paramètres et variables entre les différents systèmes belges de circuits courts collectifs (mais on peut considérer que cette analyse est aussi valable ailleurs!) (3). Ce que j’en retiens, dans le désordre: bio ou non; agriculture locale ou non; livraison d’une «part de récolte» ou bien d’une quantité définie de produits; engagement sur la durée, ou au coup par coup; «obligation» d’accepter le panier périodique, ou possibilité de commander à son gré seulement; paiement d’avance, ou à la livraison; solidarité et partage des aléas, ou non; organisation d’un «groupe d’achat en commun» en autogestion, ou non; déplacement des consom’acteurs à la ferme, ou livraison par le producteur; «coups de main» au-delà du seul achat de produits, ou non; appartenance à un réseau (charte, cotisation, …), ou non. En 2006 lors de l’apparition des GASAP bruxellois, peut-être le système AMAP était-il vu comme le modèle idéal?
Je me demande en tout cas si la taille réduite des groupes belges n’impacte pas la «ressource humaine disponible» au sein de chaque groupe, ce qui pourrait notamment expliquer le très petit nombre de groupes d’achats possédant un site ou un blog (tandis que les 2/3 des AMAP françaises sont présentes individuellement sur la Toile). Je suppose que les plus militants des «gasapiens» seront plutôt amenés à s’investir au sein du réseau.
J’ai cru repérer quelques GASAP en-dehors de la région de Bruxelles? Mais j’ignore si ces (éventuels) GASAP non-bruxellois (sans qu’il s’agisse d’un concept aussi partagé que les AMAP en France) se considèrent également liés à une démarche et à une charte… Je pense que le mouvement GASAP est passé en quelques années d’une initiative citoyenne «partie de la base» à un réseau cherchant le moyen de se pérenniser, ceci passant par la création de quelques postes permanents (salariés). Or le financement public, aujourd’hui, est toujours lié à quelque «projet» de développement (d’initiative innovante, etc.). Je présume que le projet de «GASAP-écoles», mené depuis 2018 grâce à l’octroi par «Bruxelles environnement» de «subsides» (quel joli mot, davantage que notre «subvention» bien franco-français!) rentrait dans ce cadre. On pourrait par contre remarquer que cela peut donner lieu à une situation où le paysan dépose ses livraisons à l’établissement scolaire, avant l’heure où sont présents les «gasapiens» (lorsque ceux-ci viennent récupérer ce qui leur appartient – progéniture et légumes, sans donc croiser leur producteur).
Je m’interroge aussi sur l’absence apparente de projets de GASAP menés par des étudiants, dans des établissements d’enseignement supérieur tels qu’établissements paramédicaux, agricoles ou agroalimentaires (Hautes écoles, pour la diététique ou l’agronomie). N’y aurait-il pas là un «axe de développement» (à l’image de la France et des «AMAP étudiantes»)?
Enfin, j’aurais aimé pouvoir parler du mouvement CSA (Communauty Supported Agriculture) / ASC (Agriculture soutenue par la communauté) qui serait actif en Belgique, mais plutôt en Flandre si j’ai bien compris. Je n’ai pas réussi à trouver un site qui en parle en français, même si je crois avoir identifié une ou deux fermes qui se revendiquent (en flamand!) de ce mouvement (4). J’ai cru comprendre que les groupes de «consom’acteurs» ne sont pas organisés en «autogestion» comme dans le cas des AMAP ou GASAP, mais que l’on est plus proche d’un système de «paniers» dont la gestion est assurée par le paysan pour ses consom’acteurs. Cela ne peut donc rentrer dans mon propre champ…
On peut toujours rêver qu’émerge un jour en Belgique un «MIRGA» (Mouvement interrégional des groupes d’achat): Yakafôkvou, dirais-je en conclusion à nos amis belges 😉
Pour ma part, je commence à comprendre que les différents systèmes de «fermier de famille» et d’«agriculture soutenue par la communauté» n’impliquent pas forcément pour autant, dans chaque pays, l’existence du regroupement des mangeurs réunis autour de chaque paysan en une organisation à but non lucratif, fonctionnant en autogestion et animant une vie collective… et disposant parfois de sa propre vitrine numérique. Je verrai donc si je trouve bien matière à rédiger quelque chose, ou non, sur la Suisse ou le Québec, pour ma rubrique. Peut-être les pages d’Urgenci (5) auraient-elles aussi besoin d’être actualisées, en 2020, concernant ces deux pays ou même d’autres?
(1) pour de plus longues listes: http://miramap.org/-Les-AMAP-.html (consulté le 02/02/2020).
(2) La Charte des GASAP: https://gasap.be/wp-content/uploads/2019/03/2014_Charte_GASAP_FR.pdf (consulté le 25/02/2020). Cela me rappelle que j’avais l’idée de longue date de présenter un petit «comparatif» entre la Charte des AMAP version 2003 et celle mise à jour en 2014.
(3) https://gasap.be/paniers-bio-gasap-gac-depots-de/
(4) Ferme du Vindervled, http://vlinderveld.be/ (traduction «Champ du papillon» ?) et https://www.facebook.com/vlinderveldcsa/. Ferme de BoerEnCompagnie, http://www.boerencompagnie.be/ (traduction ?).
(5) Pour rappel, Urgenci est le réseau international des Partenariats Locaux Solidaires entre Producteurs et Consommateurs pour soutenir une agriculture paysanne, https://urgenci.net/french/ (consulté le 26/02/2020).
Ta d loi du cine, membre de l’AMAP Réunion / Père Lachaise depuis 2010, présent sur la blogosphère depuis 2007.
Connaissant donc un peu le monde des blogs par ailleurs (et son fonctionnement en « réciprocité »), je vous demande de ne pas hésiter à « poster un commentaire » (si possible) en remerciement sous une recette ou un article qui vous a intéressé, sans oublier de mentionner le lien vers notre propre blog (éventuellement le lien de cet article-ci).