Mais comment a-t-on pu oublier Alexander von Humboldt (1769 – 1859)? C’est à lui, naturaliste, géographe et explorateur, que nous devons notre représentation moderne de la nature comme un tout dont l’homme peut altérer l’équilibre. Ainsi, il tentera toute sa vie de reconstituer rien moins que « les rapports qui enchaînent tous les phénomènes et toutes les forces de la nature. » Sa tâche semble alors infinie. Car avant « d’inventer » la nature, Humboldt l’a d’abord habitée, observée, mesurée. Il l’arpente à cheval, en bateau, à pied, avec d’énormes sacs d’échantillons et d’instruments. Il gravit des volcans pieds nus, descend des rapides, va où nul n’est encore allé. À 60 ans encore, il traverse la Russie ravagée par la peste, prend le thé avec des commandants chinois en Mongolie, note l’impact de l’agriculture intensive sur la steppe. L’auteur, historienne et romancière, nous emporte dans cette aventure biographique et scientifique. Dès les premières pages, on plonge dans l’Europe de la fin des Lumières, et l’on suit avec passion la métamorphose de la nature sous le regard de celui qui sera le plus grand inspirateur de la pensée de Darwin. Roman, Andrea Wulf, 624 p, 2017.
Bonne lecture,