Par-delà nature et culture
« La nature, ça n’existe pas. » Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? L’auteur propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l’homme et son environnement : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l’analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l’animisme, qui prête aux non-humains l’intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l’aptitude culturelle. La lecture de l’ouvrage est de qualité théorique et assez particulièrement difficile. Mais de nombreux passages sont plus sensibles ou sont des retours d’expérience — la rencontre avec les Achuars (le dernier groupe des Jivaros, peu touché par les contacts extérieurs), ou la place du paysage dans la peinture, par exemple — et livrent des démonstrations puissantes, parlantes et vivantes. Mine de rien, avec cet ouvrage qui fait somme, la manière de penser en sciences se trouve fortement recomposée. Essai, Philippe Descola, 680 p., 2005.
Bonne lecture,