La Toile des AMAP n°110

PénélopeSaviez-vous que, selon le site internet du MIRAMAP (1), on dénombrait en France, en 2015, plus de 2000 (deux mille) « groupes en AMAP » représentant quelque 250 000 amapiens? Cela doit représenter, en tout cas, des centaines de blogs ou sites comme le nôtre…

Avec deux groupes en AMAP isérois et un rhodanien, mes lecteurs se voient proposer cette semaine l’accès à une bonne soixantaine de recettes. Deux des noms d’AMAP sont particulièrement originaux. A noter que la vie locale ou la participation à un réseau départemental voire régional semblent bien présent à l’esprit de leurs amapiens. Une bonne occasion, donc, pour me permettre de signaler une enquête du MIRAMAP ouverte jusqu’au 27 mai 2019 pour un diagnostic partagé du mouvement des AMAP.

AMAP_LesCuvesdAbondanceAMAP Les cuves d’abondance (38360 Sassenage), http://amapsassenage.jimdo.com

Créée en 2007. Leur site internet permet d’accéder à 22 recettes ventilées par nom de légume. Le compte-rendu de l’AG d’avril 2019 évoque un courrier à faire pour soutenir le maraîcher (en s’adressant à l’association qui gère l’eau d’irrigation, pour lui demander qu’elle ouvre enfin son accès à l’eau d’irrigation pour ses légumes). Il prévoit également d’inciter les amapiens à effectuer de préférence les paiements au producteur par virements (à date fixe, autant que possible) plutôt que par chèques (les virements ayant d’abord été testés en 2017, quand il était question de réduire la validité des chèques à 6 mois, et adoptés depuis…). Par ailleurs, l’AMAP reverse la quasi-totalité des cotisations associatives des amapiens à Alliance PEC Isère depuis quelques années.

AMAP_de_Biviers

 

AMAP de Biviers (38330 Biviers), http://amapbiviers.jimdo.com

Ici, l’AMAP locale a été créée en mai 2009 sous la forme d’une « association de fait ». 20 recettes sont proposées. Le site met également en avant leurs liens avec Alliance PEC Isère : ce réseau fêtera ses 20 ans en 2019. Créé en juin 1999 (avant même la création de la première AMAP en France), sous le nom d’Alliance Paysans-Ecologistes-Consommateurs Isère, il a par la suite fortement contribué au développement des AMAP dans le département pour devenir le « Réseau des AMAP de l’Isère ».

AMAP_LaFaucilleetlePoireau

AMAP La Faucille et le Poireau (69170 Tarare), https://www.lafaucilleetlepoireau.com

Cette AMAP au nom original a été créée en mars 2011 (pour une première livraison en mai). La « baseline » de son logo se revendique toujours d’Alliance Rhône-Alpes (désormais devenu « Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes »). Les Comptes-rendus d’AG disponibles sur le site témoignent du dynamisme de la vie associative de l’AMAP (nombreux événements ou projets auxquels elle participe voire qu’elle organise). Par exemple, en 2017, la subvention de la Mairie de 1400 euros dont ils ont pu bénéficier a été intégralement utilisée pour fournir « Les restos du cœur » en légumes frais, grâce au temps donné par les bénévoles (solidarité). Enfin, on trouve 26 recettes sur leur site.

*

*          *

A propos de mon annonce en début de billet, je précise que j’ai pris connaissance récemment de l’enquête lancée par le MIRAMAP (Mouvement interrégional des AMAP) pour définir une stratégie 2020-2025 :

http://miramap.org/-Chantier-participatif-de-construction-du-projet-strategique-du-mouvement-des- et http://miramap.org/Participez-a-l-enquete-ouverte-jusqu-au-27-mai-pour-un-diagnostic-partage-du.html

Répondre au questionnaire (ce que j’ai fait, à titre individuel, mardi 21 mai 2019 vers midi) m’a inspiré après coup quelques réflexions désabusées, nées de ma propre expérience associative, non seulement chez les AMAP, mais dans d’autres mouvements associatifs. Je vais donc vous en faire part ici, et enfoncer quelques portes ouvertes avec des considérations pessimistes (je ne peux que rêver d’être contredit par les faits !).

Comptons qu’il existe 2000 AMAP actives en France (pour ma part, je n’ai pas encore fini de les décompter région par région, mais j’ai déjà dépassé les 1500 identifiées une par une). En 2015, le mouvement des AMAP estimait représenter 250 000 personnes, c’est tout à fait plausible (avec une moyenne de 125 mangeurs par groupe en AMAP – pas tous en âge d’être citoyens il est vrai !).

Comptons que chacune de ces 2000 dispose d’entre 5 et 20 personnes (je compte très large !) qui s’impliquent réellement (collectif ou bureau, référents, etc.) pour que leur groupe puisse vivre sa vie de « groupe en AMAP ». Ce vivier plus motivé que les autres mangeurs, combien peut-il représenter ? Disons 25 000 personnes (10%)? Je pense qu’on peut encore le subdiviser entre un « noyau dur » présent parfois depuis de longues années (avec une certaine « conscience associative ») et qui, peut-être, constitue une sorte de « colonne vertébrale » pour chaque AMAP, et d’autres qui passent seulement un ou deux ans à leur « poste » – ce qui est déjà très bien ! A partir de là, combien peuvent-ils être, ceux et celles disposés à se mobiliser, au-delà de leur propre AMAP, au bénéfice du mouvement des AMAP (inter-AMAP, départemental, régional, national) ? Peut-être 5000 (soit en moyenne 1 à 3 par AMAP ?) sur toute la France ? Si l’on regarde les listes de participants aux assemblées générales organisées par les différents réseaux, c’est peut-être plutôt en centaines qu’il faut compter : où que ce soit, il est rare que toutes les AMAP d’un territoire soient représentées (ou aient même pris soin d’envoyer un pouvoir ?).

A l’autre bout (de ma lorgnette), je pense que l’écrasante majorité des amapiens se situe dans la démarche suivante : ça ne les dérange pas d’adhérer « pour la forme » aux AMAP, à leur Charte, voire même de verser une cotisation associative… Mais on ne peut rien leur demander d’autre, au-delà de donner du temps bénévole pour les livraisons. Enfin si, on peut leur demander. On peut aussi leur redemander… encore et encore et en vain presque toujours. A un moment, si leur « panier » s’avère trop contraignant (en terme d’horaire, d’obligations… ou de dépenses financières), si un système concurrent et plus souple s’offre à eux, ils quitteront l’AMAP sans états d’âme. Le « turn-over » annuel des amapiens (que connaissent, je crois, toutes les AMAP), c’est, de toutes manières, à chaque fois une affaire motivée par des raisons individuelles (déménagement, contraintes « AMAP » finalement excessives à l’usage…).

Alors, quelle stratégie en terme, spécialement, de « ressources humaines bénévoles » pour 2020-2025 ? Faut-il solliciter encore davantage une élite de « convaincus » (souvent déjà impliqués dans d’autres associations), quitte à les épuiser dans les instances collectives sans qu’arrive une relève pour faire vivre leur propre AMAP ? Ou bien faut-il concentrer les efforts pour essayer de toucher « les masses » – qui ne sont demandeuses de rien, en essayant de faire « monter en responsabilité » progressivement telle ou telle personne (former des « militants », cela demande parfois des années – et une « offre de formation » venant d’en haut n’y suffit pas, si elle ne rencontre pas une envie individuelle) ? Je pense que, pour faire évoluer un simple « adhérent » en ce « militant » sensibilisé et capable d’effectuer des actions tournées vers l’extérieur, au-delà de son « panier personnel », il y a besoin de beaucoup de patience et d’efforts de ceux qui le côtoient régulièrement dans son groupe, ça ne se décrète pas et ça ne marche pas toujours…

Au final, je ne trouve pas de solution. « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif », comme disait une tête de liste aux élections européennes expliquant avoir passé dans son ancienne vie associative des années à essayer de le faire (cf. CNews du 21/05/2019, p.6). Chapeau bas, donc, devant les bénévoles qui font vivre le mouvement…

(1) pour de plus longues listes: http://miramap.org/-Les-AMAP-.html (consulté le 01/04/2019).

Ta d loi du cine, membre de l’AMAP Réunion / Père Lachaise depuis 2010, présent sur la blogosphère depuis 2007.

Connaissant donc un peu le monde des blogs par ailleurs (et son fonctionnement en « réciprocité »), je vous demande de ne pas hésiter à « poster un commentaire » (si possible) en remerciement sous une recette ou un article qui vous a intéressé, sans oublier de mentionner le lien vers notre propre blog (éventuellement le lien de cet article-ci).

Laisser un commentaire