Aménager les paysages de l’après-pétrole
L’ère des énergies fossiles abondantes et bon marché des XXe et XXIe siècle a favorisé le déploiement des voies rapides et des grands bassins urbains. Aujourd’hui, la raréfaction de ces ressources et la menace du changement climatique invitent nos sociétés à revoir leur modèle et à l’affiner. Pour remédier à l’urbanisation démentielle, pour limiter les temps de trajets, pour en finir avec les déséquilibres graves sur les écosystèmes qu’induit le modèle de l’agriculture intensive, nous devons imaginer des solutions neuves. Le monde de l’après-pétrole reste à inventer. En regardant les paysages, en en suivant le fil, en associant les habitants, la transition énergétique sera plus facile. Essai, Régis Ambroise, Odile Marcel, 124 p, 2015.
Bonne lecture,
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J’ai fini ce livre dans le métro juste avant de le ramener à notre BibliAMAP.
Dans ce petit ouvrage dense et touffu qui se lit avec intérêt de la première à la dernière ligne, je distinguerais deux niveaux de lecture. Les constats et présentations de la situation où nous ont amené des années de productivisme agricole (remembrement, perte de la mémoire paysanne…) sont bien mis en évidence avec tenants et aboutissants. La conclusion logique qui en est tirée est que nos sociétés contemporaines ont tout à gagner en retrouvant ce que nos anciens pratiquaient : s’adapter aux conditions naturelles, en tout premier lieu le paysage, au lieu de prétendre le contraindre et le dompter à grand renfort d’énergie (naguère bon marché, de plus en plus rare en fin d’ère du pétrole). L’on ne peut qu’être d’accord. Plus équivoque, à mon avis, apparaît le fait que les auteurs « prêchent pour leur paroisse », en s’efforçant de démontrer que le recours à des « paysagistes » doit être intégré à tout projet d’aménagement ou d’installation de nouvel équipement ou de réhabilitation de site (sous-entendu « budgeté » ?). Il faut donc apporter aux travaux classiques des bureaux d’études stipendiés un supplément d’âme et d’histoire prenant en compte l’histoire du paysage local, via le recours à des experts paysagistes (au sens large). Cependant, il s’agit bien toujours d’amener la population locale à adhérer à un projet initialement décidé par d’autres comme « bon pour elle ». On parle concertation et jamais contestation. Au plan international, s’il est bien mis en avant que nos sociétés industrielles auraient beaucoup à apprendre des peuples restés plus proches de la nature, il est par contre précisé qu’ensuite, nos experts pourront aussi (donnant-damnant ?) les aider à s’adapter aux nouvelles conditions du monde (mondialisation etc.), plutôt que restaurer ou préserver leurs propres conditions de vie sans subir les influences extérieures. J’en retire encore un sentiment désagréable, à savoir que cette évolution est présentée comme inéluctable : il n’y a pas d’alternative. S’adapter… sinon quoi ? Bref, le livre est clairement orienté comme un discours de sachant (de dominant à dominé ?) disant ce qu’il faut faire (et pourquoi), dans le cadre de la situation contemporaine et des valeurs du marché. Il s’achève par 11 propositions, qui occupent de six lignes à deux pages. Lisez-le, pour vous faire votre propre opinion.