Avertissement (je reprends mot pour mot une communication de La Nef) : les termes banque éthique ou banque dans cet article sont à comprendre comme un concept définissant une manière de faire de la banque, et non comme une définition actuelle de l’établissement. La Nef est un établissement de crédit spécialisé habilité à recevoir des fonds du public.
Pour ma part, j’ai connu la Nef par les Cigales, à une époque où cette « coopérative financière anonyme à capital variable » n’était pas encore une banque de plein exercice comme elle tend à le devenir aujourd’hui, mais seulement une « société financière » qui collectait auprès du public des fonds afin de faire des prêts affectés à la création et au développement d’entreprise. Plusieurs entreprises financées par les Cigales ou Garrigue ont également bénéficié d’un prêt de la Nef, comme la coopérative Andines, pionnière du commerce équitable, créée en 1987 (http://www.andines.com).
Quelle différence avec d’autres banques ou établissements de crédit ?
Les fondamentaux de la Nef sont depuis son origine ses réflexions sur le thème de l’argent et de sa circulation : l’argent comme moyen qui relie les hommes et irrigue leurs activités, dans une nouvelle économie fraternelle à construire.
L’un des pôles historiques souhaités lors de la constitution de l’association La Nef en 1978 était le financement de l’agriculture biodynamique (conforme aux idées de Rudolf Steiner). En 1988, suite aux contraintes créées par la loi bancaire de 1984, ses fondateurs créent la Société financière de la Nef, coopérative à capital variable. En ces temps-là, il aurait suffi de 15 millions de francs pour prétendre au statut de banque, mais seulement la moitié (!) a pu être réunie par de l’épargne engagée. Au fil des ans, les exigences en terme de montant et de règlementation se sont ensuite durcies. Cependant, depuis 1978, plus de 5600 prêts ont été accordés grâce aux fonds collectés (300 prêts par an à l’heure actuelle) pour les entreprises qui sollicitent la Nef. Les trois grands thèmes aujourd’hui affichés sont « Ecologie », « Social » ou « Culturel ». Elle publie l’intégralité des prêts qu’elle octroie, et revendique cette transparence. Dans la liste 2015, j’avais par exemple repéré le financement de plusieurs micro-brasseries, une activité qui semble à la mode (Cf. https://www.lanef.com/la-nef/publications/?target=liste%20des%20pr%C3%AAts).

La Montreuilloise, une brasserie artisanale et respectueuse de l’environnement. Projet financé par la Nef, prêt n°5309.
Dans ses débuts, pour proposer des services bancaires (comptes sur livrets, mais aussi à vue, avec chéquier et carte bancaire), la Nef avait noué un partenariat avec le Crédit Coopératif. Aujourd’hui, la Nef a obtenu en 2014 un agrément bancaire qui lui permet de proposer directement, depuis avril 2015, compte à vue et services correspondants aux professionnels (pour le moment, seuls sont éligibles à un compte « Nef Pro » ceux qui ont fait une demande de prêt ou déposé un dossier en ce sens). Moyens d’encaissement (terminal de paiement électronique) et de paiement (carte bancaire) sont à l’étude. Quant à l’élargissement souhaité envers les particuliers et les associations, il n’interviendra qu’après un renforcement des capitaux propres de la coopérative.
Mais encore ? Que diable iraient faire des Amapiens dans cette Nef ?
Ce qui est proposé aux particuliers :
– devenir sociétaire de la Nef (acheter des actions de son capital) à 30 euros, avec au minimum 3 parts « A » (cf. https://www.lanef.com/particuliers/parts-sociales/)
– ouvrir un livret Nef (épargne garantie et disponible à tout moment)
– ouvrir un compte à terme Nef (épargne garantie, durée choisie à l’ouverture).
Parmi les 36 000 sociétaires, certains peuvent s’engager activement dans la vie coopérative, en participant à un groupe local, dont les « Assemblées locales » qui précèdent l’Assemblée générale permettent de s’impliquer dans la démocratie participative pour mettre en adéquation les besoins des sociétaires et la stratégie de cette banque coopérative pas comme les autres. Il peut être possible, lors de « RandoNefs » organisées par des sociétaires actifs en lien avec les délégations régionales, de visiter des entreprises ayant bénéficié d’un prêt.
Enfin, la Nef a mis en place ces dernières années deux plateformes de financement participatif, Zeste et Prêt de chez moi (nous en reparlerons dans le prochain article).
Pour en savoir davantage sur l’histoire de la Nef : https://www.lanef.com/la-nef/histoire/
A lire pour aller plus loin : Nathalie Calmé, Economie fraternelle et finance éthique, l’expérience de la Nef, Ed. Yves Michel, 2012.
David Nicolet, amapien Réunion / Père Lachaise depuis 2010, sociétaire de La Nef à titre personnel depuis 2004, et aussi, aujourd’hui, au titre de plusieurs Cigales ou associations.
[…] La NEF (d’association à banque en passant par société financière) […]
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