Les sites de financement participatif (« crowfunding ») spécialisés dans le bio ou l’agriculture
Du crowfunding ? Oui, mais du bio !
Un cigalier par ailleurs amapien m’a suggéré de rajouter un article sur les plateformes de crowfunding qui peuvent permettre de financer des projets dans le bio (merci à lui !).
Pour ma part, je préfère parler de « financement participatif » (restons francophones !).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le financement participatif, arrivé en France il y a moins d’une dizaine d’années, consiste en la possibilité offerte par des plateformes internet dédiées d’une intermédiation permettant à des financeurs d’affecter des fonds à un projet. On distingue différentes catégories de financement, notamment, pour ce qui nous intéresse ici : le don simple ou le don avec contrepartie, le prêt aux entreprises (quel que soit le statut de celles-ci), le financement participatif en capital (pour les sociétés), le financement en royalties (?), la production communautaire… les projets peuvent être situés en France ou à l’étranger selon les plateformes.
Le « modèle économique » de la plupart de ces plateformes est la gratuité pour le contributeur (celui qui donne ou prête de l’argent via la plateforme), mais un prélèvement (sous une forme ou une autre) sur le montant collecté par le projet. Côté projet, c’est un moyen non seulement de se faire financer, mais aussi de se faire connaître, même si une campagne de financement participatif demande un fort investissement en temps de la part du ou des porteur(s) de projet pour solliciter ses réseaux.
Ci-dessous, donc, une liste de quelques sites spécialisés en rapport avec nos activités amapiennes (je les ai détectés grâce à une recherche sur les mots-clés « crowfunding bio »), ou de sites généralistes avec une catégorie bien fournie pour des projets « Ecologie » ou « Alimentaire ». Pour chaque plateforme, j’ai précisé les principales caractéristiques (année de création, type de financement, nombre de projets, montant collecté, prélèvement…), et trois exemples de projets déjà financés ou en cours de collecte. Il s’agit d’une sélection subjective et qui ne prétend nullement à l’exhaustivité.
Bluebees (https://bluebees.fr/fr/), créé en 2012, souhaite promouvoir et faciliter la réalisation de projets qui œuvrent pour une agriculture et une alimentation durables, c’est à dire écologiques, viables économiquement, source d’emplois et de liens sociaux sur les territoires. Possibilité de prêt (taux d’intérêt, commission de 4% du montant emprunté si l’objectif est réalisé) ou de don, éventuellement défiscalisé et/ou avec contrepartie (commission de 8%).
Sol Semila première pâte à tartiner bio au cacao cru française (collecte terminée).
Mes poitevines vous rendront chèvres, pour aider Gabrielle à devenir éleveuse de chèvres en Normandie (collecte terminée).
Le Bénéfique, des montagnes à nos tasses : la cueillette de plantes sauvages (collecte terminée).
Fundovino (https://www.fundovino.com) est dédié au monde du vin et de la vigne depuis 2014, en offrant la double possibilité de don avec contrepartie ou d’investissement au capital de sociétés. Pour les souscriptions en capital : commission de souscription variable de 2,4% TTC. Frais de 12 500 euros sur chaque projet financé via la plateforme (grâce à un holding dédié au projet). Pour les dons : “frais de service” de 8% TTC du montant de la collecte (objectif atteint). Lire l’ensemble des conditions générales sur https://www.fundovino.com/fr/pages/5-cgu peut donner une solide gueule de bois!
Cépages d’hier pour vins d’aujourd’hui, un vigneron dans les Hautes-Alpes (05) souhaite replanter de vieux cépages…
La mousse à Zigui, première bière de malt en biodynamie, élevée dans les plus prestigieux fûts de Sauternes.
Achat de charrues écologiques pour un vigneron lancé en conversation bio depuis 2011 (Château Hourbanon à Prignac en Médoc [33]).
Kisskissbankbank (https://www.kisskissbankbank.com). Cette entreprise pionnière (2010) et généraliste pour le don avec contrepartie a, depuis, lancé deux autres plateformes pour d’autres formes d’apports. Ce sont plus particulièrement ses catégories « Alimentation » et « Ecologie » qui peuvent nous intéresser. Commission de 5% sur les collectes réussies + 3% de frais de transactions bancaires sécurisées.
Brutus, Premier bar à cidre de Paris et crêperie moderne (en cours).
La box végane, mêlant produits alimentaires, cosmétiques et lifestyle (en cours).
Le rucher des 3 rivières, 200 ruches en Côte d’Or (21) et du matériel apicole (en cours).
Miimosa (https://www.miimosa.com), créé en 2014, se présente comme le 1er site de financement participatif exclusivement dédié à l’agriculture et à l’alimentation. Tous les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation (produits du terroir) peuvent lancer une collecte. 500 porteurs de projets ont été accompagnés et 2,2 millions d’euros ont été collectés. Prélèvement de 10% HT si la collecte atteint entre 60% et 74% de l’objectif, 8,3%HT si entre 75% et 99% de l’objectif atteint, 6,67% HT au-delà. Déduction fiscale si don à une association loi 1901 qui est en mesure de délivrer des reçus fiscaux.
Capr & Ice, les glaces au lait de chèvre (en cours).
Coibon Frédéric, projet d’installation d’agriculteur (jeune diplômé agricole) en légumes de plein champ en Ile-de-France (en cours, montant déjà couvert à 105% !).
Le jardin des abeilles, maman et jeune apicultrice qui souhaite installer davantage de ruches à Faux la Montagne (23).
1001pact (https://www.1001pact.com). Cette plateforme a commencé ses activités en 2015. Investissement en capital, à partir de 100 euros, dans des entreprises sous statut de SAS, avec un fort impact sociétal ou environnemental, qui veulent lever 40 000 euros minimum (elle est partenaire des Cigales d’Ile-de-France). 20 entreprises financées, 3 557 706 euros investis. Prélèvement de 8% sur le montant collecté.
Rutabago, des paniers recettes aux ingrédients bio et prédosés, livrés à domicile, pour une alimentation saine, responsable et sans gâchis.
Alg and You a créé à Toulouse (31) la jardinière à spiruline, aliment sain pour le plaisir de tous (en cours).
Love your Waste, solution pour mieux valoriser les biodéchets et réduire le gaspillage en impliquant le plus grand nombre (en cours – mais à partir de 957 euros minimum).
Prêt de chez moi (https://www.pretdechezmoi.coop). Depuis 2013 en Rhône-Alpes puis 2016 sur toute la France, Prêt de chez Moi est la plateforme de financement participatif sous forme de prêt solidaire de la Nef. L’argent prêté par l’intermédiaire de la plateforme (un minimum de 250 € ; un maximum de 200K€), est garanti pour le contributeur. Cette plateforme s’adresse aux professionnels désirant créer ou développer leur activité pour tout besoin de financement compris entre 10.000€ et 200.000€. Fonds levés : 158 575 € auprès de 137 épargnants pour financer 11 projets.
Ryad le Jardinier, création d’une ferme éducative et maraîchère bio en AMAP près de Lille (financé).
Chaussabel Laurent, pose de filets « halte drosophile » sur sa nouvelle plantation de cerisiers de 0,3 ha.
La ronde du bio, épicerie souhaitant développer la notion du « bien manger » avec des produits bio locaux (330m2) à Saint-Martin d’Uriage (38).
Edit: depuis (au moins) décembre 2018, le site internet affiche: « La plateforme Prêt de chez Moi n’est plus active et n’accueille plus de nouveaux projets. Pour toute demande relative à un crédit ou à un produit d’épargne, contactez la Nef, https://www.lanef.com ».
Chiffres, au final: fonds levés 223 125 euros auprès de 167 épargnants pour financer 15 projets.
Spear (https://spear.fr). Spear a participé depuis février 2012 au financement de plus de 30 projets, pour un montant total de 6 M€. Son activité est labellisée par Finansol, le label de finance solidaire [dont il sera question dans le prochain article]. Spear (ancien partenaire des Cigales à sa création en 2011) permet à des entreprises ou des associations désireuses de mener à bien un projet responsable, d’obtenir un prêt bancaire avantageux grâce à des épargnants solidaires. Le contributeur achète des parts de la coopérative SPEAR. Les fonds correspondants sont versés sur un compte à terme (fonds bloqués 7 ans). Une banque (société générale ou BNP Paribas) octroie grâce à cela un prêt à un taux minoré au porteur.
Biocoop (réseau dont j’ai déjà parlé dans un article précédent) a levé 600 000 euros !
Ma part du gâteau, boulangerie solidaire (entreprise d’insertion) à Nantes (44).
Planète Sésame 92, traiteur solidaire à Nanterre (et par ailleurs entreprise cigalée).
Ulule (https://fr.ulule.com) : très généraliste mais bien connue, cette plateforme de don avec contrepartie propose quelques dizaines de projets dans sa catégorie « Artisanat & cuisine ». Au total, depuis son lancement en octobre 2010, ce sont 17 145 projets créatifs, solidaires et innovants qui ont été financés avec le soutien d’internautes de 201 pays.
L’usine à patates, friterie culturelle et éco-responsable sur les Festivals de France et d’Europe!
Yoromiso, fabrication artisanale de Miso japonais en France !
42 Délices, produits végétaliens bio déshydratés et ateliers cuisine végétalegamme de produits vegan, naturellement sans gluten, fabriqués avec des produits frais de saison, 100% naturels, bio et majoritairement locaux (en cours).
Zeste (https://www.zeste.coop). Zeste est la plateforme de financement participatif sous forme de dons de la Nef, depuis 2016. Contributions par chèques possibles même si la plateforme souhaite privilégier les paiements en ligne. Les fonds sont débloqués si un minimum de 1000 euros collectés est atteint. Prélèvement de 8% TTC sur les fonds collectés si inférieurs à 20 000 euros, 7% au-delà. Le 5 avril 2017 en soirée, la plateforme affichait les chiffres suivants : fonds levés 947 894 €, auprès de 13 821 contributeurs, pour 122 projets soutenus (entre autres, du secteur du monde agricole et de sa filière biologique/biodynamique ainsi que de l’agriculture paysanne).
Ramène ton trognon ! Sensibiliser les écoliers parisiens au tri des déchets de cuisine de leur foyer (Paris, 2016).
Tête haute, brasserie houblonnière solidaire dans la région nantaise (en cours).
La Manganière, boulangerie mobile et pédagogique dans l’Aude (en cours).
J’aurais pu citer encore Foodraising (http://www.foodraising.com), Bulb in Town (https://www.bulbintown.com) ou The Good Invest (https://thegoodinvest.com/)…
Je le répète, mes sélections (plateformes, et projets pour chacune) sont subjectives. Je souhaitais seulement donner un aperçu de la diversité qui s’offre aux amapiens qui veulent consacrer un peu de leur argent au soutien de projets, après simplement quelques clics.
Même si en principe, on se rend sur une plateforme donnée dans le but de soutenir un projet particulier, dont on a entendu parler d’une manière ou d’une autre, il est parfaitement possible de passer périodiquement sur chaque plateforme, pour voir si on n’y découvrirait pas un projet « coup de coeur » à soutenir de quelques dizaines d’euros… L’écosystème des plateformes de financement participatif est fragile, toutes ne réussissent pas à se pérenniser (couvrir leurs frais de développement informatique et d’hébergement, créer un ou plusieurs emplois pérennes pour l’équipe humaine derrière la plateforme, chargée de vérifier les dossiers, etc.). Beaucoup apparaissent, certaines disparaissent.
Ainsi, pour mémoire, Ecobole, créé en 2013, qui se présentait comme « Premier site de Financement Participatif « Crowdfunding » pour projets environnementaux » a arrêté sa plateforme en janvier 2017 après 224 656 euros collectés pour 73 projets, mais s’est reporté sur… une activité de conseil aux porteurs de projets souhaitant faire une levée de fonds ! cf. http://blog.ecobole.fr/offre/
Pour des annuaires de plateformes de différents secteurs d’activités, voir http://financeparticipative.org/qui-sommes-nous/membres-association/le-college-des-plateformes/ ou http://alloprod.com/labels-participatifs/
David N., amapien Réunion / Père Lachaise depuis 2010.
Je précise ne jamais avoir utilisé les plateformes que je cite. Quand je veux financer des entreprises, personnellement, je ne passe pas par des plateformes internet de financement participatif… Cf. les articles précédents de cette série sur les Finances solidaires !
[…] Le crowfunding bio (sélection de quelques plateformes de financement participatif) […]
[…] Le crowfunding bio (sélection de quelques plateformes de financement participatif) […]
[…] L’exploitation agricole Bio Peyi Nou propose à la vente ses produits issus de l’agriculture biologique en Martinique. Les particuliers peuvent s’inscrire à l’AMAP et s’engager pour 3 mois avec un panier à venir récupérer un jeudi sur deux dans une boulangerie à Sainte-Marie. Le producteur semble actuellement lever des fonds pour créer la première épicerie bio dans le Nord de la Martinique, via la plateforme de financement participatif Dalendo. [occasion de relire mon article sur les plateformes de financement participatif bio…] […]
A noter que, depuis la rédaction du présent article il y a bientôt 7 mois, deux des plateformes citées ont changé de nom. 1001Pact est devenu LITA.co « pour être plus universel » (acronyme de mots en anglais…). A l’inverse, « Bulb in town » est devenu « Tudigo » pour que ce nom reflète son origine 100% française et son positionnement local.
J’en profite pour rajouter que le maraîcher bio, Bio Peyi Nou, qui fournit une AMAP en Martinique, est actuellement en train de lever des fonds sur une plateforme locale, Dalendo, pour ouvrir la première épicerie bio dans le Nord de la Martinique (972): https://www.dalendo.com/Ensemble,lan%C3%A7onslapremi%C3%A8re%C3%A9picerieBIOPEYINOU/87 (information dénichée dans le cadre de mes explorations sur la Toile des AMAP).
C’est en lisant Le Point N°2477 du 13/02/2020 (p.86) que j’ai découvert l’existence de la plateforme Agrilend, https://agrilend.fr
Vérification faite, la société (SAS au capital de 50 000 euros) a été créée en décembre 2016 (et ne publie pas ses résultats financiers). Les fondateurs ont des CV très impressionnants (issus de Grandes Ecoles de commerce ou d’ingénieurs, expériences…). Le secteur d’activité exclusif est l’agriculture, sous forme d’intermédiation pour du prêt avec un taux d’intérêt de 2% à 8%.
Chiffres figurant à ce jour (15 février 2020 – dernière mise à jour au 04/01/2020) sur leur site internet: 772 000 euros prêtés aux 17 projets sélectionnés (6 en 2018 et 11 en 2019, certains en Bio, d’autres non) sur 203 demandes reçues. Je n’ai pas trouvé l’information sur le « modèle économique » (comment la plateforme se rémunère).