Garrigue a été créé en 1985 par un groupe de personnes de la  « mouvance » qui avait créé les Cigales (1) et par ces dernières. Il s’agissait de créer une structure de financement plus pérenne qu’un Club d’investisseurs à la durée limitée dans le temps et aux moyens financiers limités à la capacité d’épargne de ses membres. Garrigue est dès ses débuts intervenu en complément des Cigales en cofinançant des entreprises cigalées.

En juin 2016, le capital social de Garrigue était de 4 451 720 €, soit 68 488 parts sociales, portées par quelques 889 sociétaires (personnes physiques ou morales, détenteurs d’une à quelques milliers d’actions). La coopérative à capital variable (capital minimum d’un million d’euros) compte une centaine d’entreprises dans son portefeuille d’investissements.

Les Nouveaux Robinsons à Montreuil (93). Photo Garrigue.

Dans la liste des entreprises soutenues présentes sur le site http://www.garrigue.net, une dizaine répondent à la catégorie    « Produits bio et éco-produits ». Dont, en Ile-de-France, le premier magasin de la Société Coopérative Biologique Parisienne Les Nouveaux Robinson à Montreuil (93), aujourd’hui navire amiral d’un réseau de 18 magasins dans la région. Garrigue investit aussi (entre autres) dans le secteur « Ecologie et environnement »: le fournisseur d’électricité renouvelable Enercoop, plusieurs coopératives d’autopartage en France, etc.

Côté « investisseurs solidaires », toute personne peut à tout moment souscrire une ou plusieurs actions de Garrigue. Ensuite, l’implication pour chaque sociétaire est moindre que celle nécessitée par la participation à une Cigales. Mais, comme toute société, Garrigue organise une assemblée générale annuelle. Bien entendu, les sociétaires qui souhaitent s’impliquer à titre bénévole dans le suivi des entreprises ou le développement de la coopérative peuvent demander à le faire.

Une assemblée Générale de la Coopérative. Photo Garrigue

Donc, que peuvent faire des Amapiens ?

Décider d’affecter symboliquement une partie de leur épargne au soutien d’entreprises en accord avec leurs valeurs, sans forcément s’impliquer en personne ni devoir consacrer du temps sur le choix de chaque entreprise à soutenir. Il s’agit bien d’un investissement militant, dans la mesure où Garrigue n’a jamais distribué de bénéfices et ne prévoit pas de le faire. Aujourd’hui, si la valeur de souscription d’une action est de 65 euros, la valeur de rachat pour les sociétaires qui la demandent après être restés 6 ans au capital de la coopérative est de moins de 60 euros. Cependant, les investisseurs peuvent déduire l’année fiscale de leur investissement 18% du montant de leur investissement de leur impôt sur le revenu (s’ils en paient bien sûr). Si des Amapiens étaient assujettis à l’ISF, alors ce serait le jackpot: 50% en seraient cette fois déductibles. Mais je ne suis pas sûr que ce soit la majorité du genre…

A noter que, parallèlement à ses investissements en France, Garrigue avait créé en 2005 un « Fonds Afrique » destiné à soutenir financièrement des coopératives dans certains pays d’Afrique. Désormais, ce « compartiment » a pris son indépendance via la création d’une structure dédiée, le Fadev (Fonds Afrique Développement), et les actifs sont transférés progressivement de Garrigue vers le Fadev, qui collecte également des souscriptions solidaires. Dernièrement, Fadev a investi dans Fruitscam, qui fabrique des jus 100% naturels, des sirops et des confitures au Cameroun, et dans Avva, qui propose du café moulu de qualité à la population urbaine de Côte d’Ivoire… Voir http://www.fadev.fr

Production de jus, entreprise Fruitscam (Cameroun). Photo TECH-DEV

 (1). Les militants de l’ALDEA, Agence pour Le Développement d’une Economie Alternative.

David Nicolet,  Amapien Réunion / Père Lachaise depuis 2010, sociétaire de Garrigue depuis 2002, sociétaire du FADEV depuis 2015.